POUR PUBLICATION IMMÉDIATE: DÉCLARATION SUR LE DERNIER RAPPORT DU GIEC : MESURES D'URGENCE REQUISES
Montréal, QC, 9 Août, 2021 – OTTAWA, ON, 9 août 2021 - La publication aujourd'hui du premier des trois volets de la sixième évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est un autre signal d'alarme selon l’Unité d’urgence climatique : le gouvernement fédéral doit abandonner son approche habituelle pour faire face à l'aggravation de la crise climatique et lancer une mobilisation sociale et économique pour faire sa part afin d'éviter de s'enfermer dans une planète inhabitable.
L'une des principales conclusions de ce dernier rapport du GIEC est que la planète est déjà en surchauffe et que rien n'est épargné sur Terre. Le rapport montre également que le monde court le risque de franchir des points de basculement climatique susceptibles d'entraîner un réchauffement global incontrôlé.
Selon le chapitre 5 (p. 95) du rapport, il est fort possible que la quantité maximale de CO2 pouvant être émise pour stabiliser le réchauffement à 1,5 °C, objectif visé par l'accord de Paris, soit désormais nulle. (Voir la note sur les budgets carbone ci-dessous). Ce niveau de réchauffement entraînerait une dévastation climatique et des conditions météorologiques extrêmes bien pires que celles que l'on connaît actuellement, mais bien moins que dans le cas d'une augmentation de 2°C. Selon les Nations unies, les engagements actuels des pays pour limiter la pollution climatique augmenteraient la température moyenne mondiale de plus de 3°C au cours de ce siècle.
António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a déclaré en réponse au rapport : “This report must sound a death knell for coal and fossil fuels, before they destroy our planet. If we combine forces now, we can avert climate catastrophe. But, as the report makes clear, there is no time for delay and no room for excuses.”
Seth Klein, directeur de la stratégie de l'Unité d'urgence climatique et auteur de A Good War : Mobilizing Canada for the Climate Emergency, a déclaré :
"Les plus grands climatologues du monde tirent à nouveau la sonnette d'alarme, nous disant à tous, ainsi qu'à nos gouvernements, que nous sommes en danger si nous ne commençons pas à traiter la crise climatique comme l'urgence qu'elle représente. Cet été a été un été de réflexion - le dôme de chaleur de juin a tué 569 personnes en Colombie-Britannique, les incendies de forêt dans tout le pays causent des destructions massives - ce qui montre bien que les événements se succèdent à un rythme accéléré. Mais nos gouvernements - fédéral et provincial - ne parviennent pas à nous rallier à la tâche à accomplir."
Éviter à tout prix les points de basculement
Anthony Garoufalis-Auger, organisateur québécois de l'Unité d'urgence climatique, a déclaré :
"Ce rapport confirme que l'approche habituelle proposée par nos gouvernements jusqu'à présent pour éliminer la pollution qui réchauffe la planète nous met tous en danger de franchir des points de basculement climatiques qui pourraient rendre de grandes parties de cette planète inhabitables. Nous avons besoin d'une mobilisation sociétale d'urgence, semblable à la réaction du homefront pendant la Seconde Guerre mondiale, pour restructurer rapidement notre économie et éliminer toutes les sources humaines de pollution qui réchauffent la planète. Ceci doit être reflété dans toutes les plateformes électorales fédérales. Nous ne devons pas perdre de temps à débattre de mesures progressives alors que ce rapport montre clairement que pour nous sauver, nous avons besoin d'un changement monumental à la vitesse de l'urgence."
"Le gouvernement fédéral doit s'assurer que chaque individu au Canada est complètement conscient de l'importance de l'urgence décrite dans ce rapport et de ce que nous devons faire en tant que société pour éviter les scénarios les plus mortels et nous préparer à ce qui est déjà en place. Nous avons besoin d'une agence fédérale dotée de ressources suffisantes pour coordonner des programmes intensifs et soutenus d'éducation et d'information conçus pour obtenir le soutien de chaque Canadien dans la restructuration rapide de notre économie que la science exige."
Équité internationale
Anjali Appadurai, organisatrice sectorielle et militante pour la justice climatique au sein de l'Unité d'urgence climatique, a déclaré :
"Le rapport indique clairement que le réchauffement se produit plus rapidement que ce qui avait été estimé précédemment. Les pays en développement, notamment les petits États insulaires et les pays les moins avancés, ont clairement averti que cette évolution aurait des conséquences mortelles et dévastatrices. C'est ce qui se passe aujourd'hui. L'inaction climatique détruit déjà des vies, des moyens de subsistance et des économies locales, notamment dans les zones désertiques et côtières, tout en exacerbant les inégalités préexistantes."
"Le rapport met en lumière la grave injustice selon laquelle les pays et les populations qui sont les moins responsables du réchauffement sont ceux qui sont et continueront d'être les plus durement touchés. Les pays riches comme le Canada ont l'obligation de fournir un financement nouveau et supplémentaire sans conditions, basé sur des subventions, bien au-delà des 100 milliards de dollars US par an déjà promis, et de renoncer à certains droits de propriété intellectuelle afin de garantir que chaque pays puisse faire face correctement à l'urgence climatique."
Défaillances des cultures et insécurité alimentaire au pays
Anthony Garoufalis-Auger a déclaré :
"Le GIEC indique clairement que sans changements rapides, profonds et sans précédent dans tous les secteurs de la société, l'effondrement de l'agriculture et la famine de masse sont des possibilités très réelles dans un avenir pas si lointain. Si la pandémie de COVID a été dure et perturbante, elle n'a jamais complètement bouleversé nos systèmes alimentaires et hydriques. La crise climatique, si nous continuons sur cette voie, le fera certainement. Nous devons veiller à ce que notre secteur agricole et alimentaire soit mis au service de la garantie d'un approvisionnement suffisant et abordable en aliments non polluants et sains pour tous, même dans les conditions climatiques catastrophiques décrites dans ce rapport. Déjà cette saison, bon nombre de nos producteurs agricoles sont mis à mal, en grande partie à cause de vagues de chaleur et de sécheresses record qui ne feront qu'augmenter en fréquence et en intensité. Les Canadiens subissent déjà les effets négatifs des hausses de prix des aliments causées en partie par le réchauffement de la planète, et ce sont surtout les communautés autochtones et racialisées qui en souffrent. Une transformation globale de notre système alimentaire à la vitesse de l'urgence doit être une priorité nationale absolue. "
Informations complémentaires sur les budgets carbone
Le rapport du GIEC évalue le budget carbone restant (la quantité maximale de CO2 pouvant être libérée pour maintenir le réchauffement à un niveau donné) pour avoir 66 % de chances de limiter le réchauffement à 1,5 °C à 400 milliards de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone (GtCO2) à partir de 2020, avec une marge d'incertitude de plus ou moins 220 GtCO2. Cela laisserait un budget carbone de 361 GtCO2 en janvier 2021, puisque le monde a émis environ 39 GtCO2 en 2020. Au rythme actuel des émissions, ce budget carbone sera épuisé en 9 ans environ. Pour avoir 66 % de chances de rester dans les limites du budget, il faudrait réduire les émissions de CO2 d'environ 10 % par an au niveau mondial, les autres gaz à effet de serre, comme le méthane, suivant une trajectoire similaire.
Cependant, selon le chapitre 5 (p.5-95) du rapport : "il existe une faible probabilité que le budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5°C depuis la période 1850-1900 soit effectivement nul."
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Notes :
Un aperçu du cadre d'urgence proposé par l'Unité d'urgence climatique est disponible ici ou sous forme de vidéo ici (anglais sous-titré en français).
Contact :
Pour les entretiens avec les médias, veuillez contacter Anthony Garoufalis-Auger.
anthony@rapiddecarbonizationgroup.org
438-877-9007
À propos de l’Unité d’urgence climatique:
L'Unité urgence climatique est une initiative de l'Institut David Suzuki. L'objectif principal de l'Unité est de faire pression pour la mise en œuvre de politiques de temps de guerre au Canada pour faire face à la crise climatique. Elle est dirigée par Seth Klein et opère dans plusieurs provinces.
À propos de Seth Klein:
Seth Klein est le chef d'équipe et le directeur de stratégie de l'Unité d'urgence climatique. Auparavant, il a été pendant 22 ans (1996-2018) le directeur fondateur de la division Colombie-Britannique du Centre canadien de politiques alternatives, un institut de recherche sur les politiques publiques. Il est l'auteur de A Good War : Mobilizing Canada for the Climate Emergency (publié en 2020) et rédige une chronique régulière pour le National Observer.
À propos de Anthony Garoufalis-Auger:
Anthony Garoufalis-Auger est un défenseur des droits de l'homme et l'organisateur québécois de l'Unité d'urgence climatique. Il est le fondateur de Divest Concordia, la première campagne qui a réussi à obtenir d'une université anglophone qu'elle s'engage à désinvestir ses fonds des combustibles fossiles. Il a été cofondateur et porte-parole d'Extinction Rebellion Québec. En 2019, il a lancé une coalition pancanadienne pour s'attaquer à la pollution de l'aviation par le biais d'une taxe pour les grands voyageurs. Il fait partie du comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique. Il a été interviewé dans de nombreux médias, dont CBC Radio, CTV News, City News et Postmedia.